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C’était dans les premiers jours de notre voyage.  Julie et moi avions entrepris de faire le tour de la moitié est de la Nouvelle-Écosse à vélo, et nous savions qu’il n’y avait pas de terrain de camping ce soir-là.  Nous étions donc résolus à nous trouver un endroit préférablement sur le bord de la mer et tranquille pour y passer la nuit.  Ça ne va pas être très difficile qu’on s’est dit…. Reste que tout de même l’endroit idéal fut assez difficile à trouver.  Donc après une longue journée qui n’en finissait plus, nous avons fini par dénicher l’endroit qui sans être parfait, ferait l’affaire.  C’est moi qui le premier a vu ce terrain de baseball (ou il n’y avait de toute évidence pas beaucoup de baseball) qui avait, en plus d’une très belle vue sur l’océan, une toilette chimique !!  Nous avions un endroit paisible, une vue superbe et une toilette, mais restait le problème de l’eau.  Après une chaude journée d’été de près de 100km de vélo, toutes nos bouteilles étaient bien à sec, et nous devions évidemment nous trouver de l’eau avant de pouvoir même cuire notre souper.  La maison la plus proche étant à environ 1 km, nous avons laissé nos sacoches près de la tente et enfourché nos vélos pour aller faire ce ravitaillement plus que nécessaire.  C’était l’heure du souper et un jeune couple nous a répondu bien gentiment mais quand même en insistant tout de suite sur le fait qu’il ne fallait pas faire de bruit afin de ne pas réveiller le bébé qui venais juste de s’endormir.  Ceux qui ont été jeunes parents se souviennent surement de ce sentiment….  Toujours est-il qu’après un bref échange de politesse à voix très basse, toutes nos bouteilles étaient bien pleines et nous sommes retournés à notre camping / terrain de baseball. 

Nous étions toujours en train de manger notre repas déshydraté quand nous avons aperçu ce gros pick-up rouge qui remontait le chemin du terrain de baseball vers notre petit camping de fortune.  J’ai regardé Julie avec un regard qui disait : “oups, peut-être que finalement il y a un match ce soir…?” Mais non c’était notre jeune papa qui s’était libéré pour quelque minutes afin de nous apporter; tenez-vous bien, deux steaks d’espadon fumants, qu’il venait tout juste de griller sur son BBQ et qu’il avait pêché lui-même ce matin-là.  Inutile de vous dire à quel point c’était délicieux, et définitivement le meilleur repas du voyage.  Nous seulement parce c’était du poisson frais, mais partagé de façon si généreuse et si spontanée par un jeune papa surement bien occupé avec deux cyclistes qui ne faisait que passer.  Un de mes plus beaux souvenirs de voyage.